Quatre jeunes hommes ont été mis en examen pour assassinat ce dimanche soir,après le décès deShemseddine. Une jeune fille de 15 ans est mise en examen pour "abstention volontaire d'empêcher un crime". L'adolescent de 15 ans a succombé à ses blessures après avoir été roué de coups, jeudi, par un groupe de jeunes près de son collège, à Viry-Châtillon dans l'Essonne. Parmi les mis en examen, deux d'entre eux, un majeur de 20 ans et un mineur, ont été écroués. Les deux autres mineurs sont incarcérés provisoirement avant un débat contradictoire mercredi. La jeune fille de 15 ans mise en examen pourabstention volontaire d'empêcher un crime a été placée dans un établissem*nt éducatif.
Legouvernement a dénoncé "un crime barbare" et le maire de la commune a évoqué "un drame absolu" alors que des roses blanches ont été déposées le long des grilles de l'établissem*nt scolaire en hommage. Qui est la victime? Que s'est-il passé jeudi? Qui sont les suspects? Voici ce que l'on sait.
Qui est la victime?
Shemseddine était âgé de 15 ans. Il étudiait au collège Les Sablons, un établissem*nt de 700 élèves à Viry-Châtillon. Lors d'une prise de parole devant la presse, le maire l'a décrit comme un garçon apprécié de ses camardes et de ses professeurs: un"élève jovial, qui participait à la vie de l'établissem*nt" et "apportait de la joie de vivre", selon ses mots."Il était trop gentil, abonde une de ses camardes de classe, émue, au micro de franceinfo. Il avait le cœur sur la main" et "il rigolait tout le temps" tient à rappeler un autre élève.
Que s'est-il passé?
Alors qu'il rentrait chez lui après être sorti de son collège,selon le procureur d'Évry, Shemseddine a été passé à tabac par plusieurs personnes.Le drame s'est déroulé "dans un hall d'immeuble", a précisé le parquet, situé "à 100 mètres du collège",a affirmé le maire de la ville, Jean-Marie Vilain.
Les agresseurs ont ensuite pris la fuite. Après avoir été transporté à l'hôpital Necker, à Paris, l'adolescent a été opéré dans la nuit et est décédé ce vendredi.Shemseddine a succombé à "un traumatisme crânien ayant entraîné un hématome sous-dural" a indiqué le procureur, précisant que "plusieurs autres lésions traumatiques" avaient été relevées. L'adolescent n'avait pas de lésions de défense "sur ses mains et ses avant-bras".
Les caméras de vidéosurveillance "permettront peut-être" d'y voir plus clair, espérait le maire dès jeudi soir.Les images "ont déjà été réquisitionnées par la police", a-t-il ajouté.
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Qui sont les suspects?
Cinq personnes ont été placées en garde à vue vendredi avant d'être mises en examen dimanche. Quatre d'entre elles sont mises en examen pour assassinat. La jeune fille de 15 ans est mise en examen pour "abstention volontaire d'empêcher un crime", et a été placée dans un établissem*nt éducatif. Elle a aussi l'interdiction de paraître dans l'Essonne. Parmi les mis en examen, se trouvent donctrois frères et sœurs: un majeur de 20 ans, un mineur de 17 ans et la mineure de 15 ans. Deux autres mineurs de 17 ans font partie des mis en cause.
Trois des quatre jeunes hommes mis en examen ont des antécédents judiciaires, notamment des condamnations pour détention de stupéfiants, violence ou encore tentative d'extorsion. La mineure de 15 ans n'a aucune mention à son casier judiciaire.
Ce vendredi,le maire de Viry-Châtillon, très ému, a dénoncé"des fous furieux"qui estiment avoir "le droit d'enlever la vie" pour "x raison"."Que peut-il y avoir comme motivation pour massacrer un gamin de 15 ans dans la rue?, a-t-il interrogé. Ça nous prend aux tripes, on se demande comment on peut arriver à un tel degré de violence".
Connait-on les causes de l'agression?
Les déclarations des gardés à vue ont permis d'éclaircir les causes de l'agression. Dans un communiqué publié ce dimanche 7 avril, le parquet d'Évry explique "que les deux frères avaient appris, plusieurs jours auparavant, que leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité".Ces deux mis en cause ont dit "craindre" pour leur "réputation et celle de leur famille". Ainsi, "ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle", poursuit le communiqué. Toujours selon le procureur, les deux frères ont "appris que la victime se vantait de pouvoir librement parler avec leur sœur, n'ayant pas encore eu à subir de pression de leur part".
Ils "s'étaient rendus au collège des Sablons où ils avaient croisé la victime, de manière fortuite, selon leurs déclarations" a précisé le procureur. Ils ont ensuite demandé à Shemseddine "de les suivre dans un hall d'immeuble pour avoir une explication". Le ton est monté et des coups ont été portés, "entraînant la chute de la victime". Le jeune majeur dit avoir contacté les secours, mais a menti aux services de police "en expliquant qu'il avait vu plusieurs jeunes cagoulés s'enfuir à pied."
Un acte prémédité?
Interrogés par franceinfo ce lundi 8 avril, les avocats de deux des suspectscontestent la préméditation du meurtre de l'adolescent, et donc la qualification d'assassinat retenue par le parquet."S'entêter sur la qualification d'assassinat, c'est prendre le risque de mettre le feu dans les quartiers", a déclaré à franceinfo Me Jacques Bourdais, avocat du jeune homme de 17 ans faisant partie de la fratrie.
"La qualification d’assassinat retenue à ce stade, qui suppose une intention homicide et la préméditation, est en décalage complet avec la réalité du dossier", a quant à lui dénoncé Me Arnaud Simonard, avocat d'un autre mineur de 17 ans. "Il s’agit d’une tragique affaire de coups mortels, c’est-à-dire de violences qui ont entraîné la mort mais sans intention de la donner", a-t-il poursuivi, estimant cette qualification d'assassinat "artificielle et sensationnelle". "Ces jeunes sont totalement dépassés par les conséquences de leurs actes", a-t-il terminé.
Une cellule psychologique ouverte
Alors que l'émotion est vive et pour faire face au choc, "une cellule psychologique et des moyens supplémentaires ont été déployés" dans l'établissem*nt de près de 700 élèves, a indiqué sur X la ministre de l'Éducation Nicole Belloubet, déplorant "un nouveau drame absolument affreux".
Joint par l'AFP, le rectorat a indiqué que des membres de l'académie de Versailles sont "sur place pour accompagner l'équipe éducative".
Deux autres agressions à Montpellier et Tours
L'agression mortelle deShemseddine s'est produite deux jours après une agression similaire,celle de Samara, une collégienne de 13 ans. Cette dernière a été rouée de coups devant le collège Arthur-Rimbaud à Montpellier."Gravement blessée", elle était tombée dans un coma, puis en est sortie mercredi, selon le parquet. Dans cette affaire, trois mineurs ont été interpellés et ont "admis (lui) avoir porté des coups", a indiqué vendredi le parquet.Ils ont été mis en examen pour tentative d'homicide volontairesur mineure de 15 ans, ce vendredi soir.
À Tours, une adolescente de 14 ans a aussi été frappéepar cinq autres jeunes filles mercredi, elle a été sérieusem*nt blessée, mais sa vie n'est pas en danger.
